Un adage qui semble ne guère inspirer nos « politiques », si ce n’est les maires des communes situées dans le corridor nord-ouest dès qu’il s’agit de réaménager une liaison ferrée entre Bordeaux et Lacanau.
C’est ce que porte à croire la future configuration du giratoire de Cantinolle à Eysines.
Dans l’étude présentée par Sud-Ouest du 26 novembre 2024, il n’apparaît nulle part l’emplacement d’une voie ferrée. D’autant plus surprenant que l’étude d’opportunité diligentée par la métropole et conduite par l’agence A’Urba doit être publiée d’ici peu. On notera la cocasserie de la chose alors que les conditions de déplacement sur la route départementale 1215 ne cessent de se dégrader et l’indispensable ouverture d’une voie supplémentaire- la voie ferrée – se fait de plus en plus criante.
Plus on élargit les infrastructures routières, plus le flux de voitures augmente.
Depuis la nécessaire ouverture de la déviation du Taillan- Médoc, la circulation a crû de 39% (10 000 véhicules en sus) et on entend poursuivre dans cette mauvaise voie. C’est le rocher de Sisyphe : un éternel recommencement, voire un aveuglement coupable au regard des enjeux (écologie, santé, économie …), auxquels les populations sont déjà confrontées.
Lors du salon des entreprises, du savoir-faire, et de l’avenir médocain (SESAM) qui s’est tenu à Castelnau-de-Medoc, le sous-préfet a convenu que « sans mobilité et sans logement, il ne pouvait pas y avoir de développement économique ».
Un constat partagé par les acteurs économiques girondins plus qu’inquiets sur « la crise de la mobilité en gironde qui pénalise l’économie locale ». Ils déplorent l’inertie, l’incurie « d’élus qui n’arrivent pas à se parler pour avancer ». Ils mettent en avant l’asphyxie tous les matins de la rocade : « Venir à Bordeaux c’est s’attendre à des embouteillages, à un stationnement difficile avec pour la conséquence que nombre d’employés préfèrent démissionner plutôt que passer une heure dans les transports ». Ils y associent également les défaillances des entreprises du commerce et la chute des visiteurs passés de 16,4 millions en 2019 à 8,2 millions en 2023.
L’idée du transport ferré comme alternative au tout routier a fait son chemin dans les esprits, elle apparaît incontournable.
Dans le cadran nord-ouest sur l’axe Bordeaux Lacanau, le Collectif tram-train Bordeaux –Lacanau (www.tramtrain-bx-lacanau.org), créé à la suite de la réunion des maires concernés par ce projet du 12 mars 2024, prend de l’ampleur et multiplie les initiatives.
Dernièrement il a effectué avec succès une opération d’informations au rond-point de la RD1215 du lycée Sud Médoc.
Les arguments en faveur d’un tram-train et les modalités de financement ne manquent pas. Au grand dam des quelques détracteurs.
Invité en 2016 lors d’un colloque de Jacques Mangon pour promouvoir l’arrivée du tram en centre-ville, l’ancien adjoint au maire de Madrid, M.Ortiz, avait annoncé sa préférence pour un tram-train afin de connecter la métropole bordelaise et les communes plus à l’ouest jusqu’à Lacanau.
Une option beaucoup moins coûteuse (1 million d’euro/km contre 10 millions euros pour un tram classique) ; plus ambitieuse puisqu’il permet de réduire en amont le flux routier avec un véhicule roulant à la fois sur les rails et les lignes du tramway sans rupture de charges ni discontinuité. Écologiquement efficace réduisant jusqu’85% les émissions de CO2.
Les communistes du canton de Saint Médard en Jalles sont engagés depuis 2008 dans cette bataille pour un développement durable : répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs qu’ils soient économiques, de société, d’environnement. Ils se félicitent de voir un collectif citoyen dont la capacité d’élargir l’audience de ce projet, de contribuer à son élaboration est indéniable, mettre le train sur les rails.
Le paradoxe ce n’est pas que les acteurs économiques se préoccupent de l’état des transports du territoire, contraints par l’impact direct sur l’économie locale, c’est de le faire au nom des salariés, parce que les entreprises contribuent à hauteur de 63% à leur fonctionnement par le biais du versement mobilité.
« Les entreprises souhaitent que leurs salariés trouvent une contrepartie», dit Pierre Goguet, président de la chambre de commerce et de l’industrie .
Quand on sait que les salariés utilisent leur véhicule personnel à 82% pour se rendre sur leur lieu de travail, c’est une façon d’admettre que le versement mobilité est alimenté uniquement par le travail des salariés.
Ce qui justifie en soi la gratuité des transports dont les communistes réclament la mise en place progressive.
Pour combler le retard pris en Gironde, il va falloir la volonté politique de sortir du dogme mortifère des restrictions budgétaires en prenant appui sur les populations et d’investir sur le long terme pour le maillage du département par un réseau ferré.
C’est le chemin pour éviter l’asphyxie totale…
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