La bombe sociale

23, octobre 2023

Thématique Expressions : Conseil Municipal | logement

C’est le terme utilisé par Edouard Philippe pour qualifier la pénurie de logement dans le pays.

Autrefois facteur d’intégration sociale et d’élévation républicaine, le logement est devenu l’un des marqueurs fondamentaux des inégalités et des injustices les plus visibles.

Les classes  populaires s’avèrent être les plus touchées par ce déficit inédit.

Les besoins en logements sont énormes : 500 000 logements par an dont 200 000 HLM, ne serait – ce que pour répondre aux évolutions démographiques, ceci entre 2024 et 2040.Les prévisions de constructions sont dérisoires face à la demande -2,42 millions pour l’année 2022- soit 7% de plus qu’en 2021 : à l’horizon 2028, seulement 65 000 constructions par an sont programmées.

Une faillite de l’état macronien, analyse la présidente de l’Union Sociale pour l’Habitat : « Nous sommes confrontés à un désinvestissement de la puissance publique, à la fois matériel et idéologique. »

Une faillite qui affecte aujourd’hui les classes moyennes de plus en plus privées d’accès à la propriété avec l’augmentation des taux d’intérêts, la spéculation immobilière.

Jadis nombre d’accédants, le temps de devenir propriétaires, passaient   par le logement social entretenant une rotation. Or l’accession à la propriété est bloquée, de fait ce cercle vertueux s’est rompu. Le phénomène Airbnb participe à la pénurie. Des logements voués normalement à la location de longue durée sont retirés du marché au profit d’une offre touristique mal régulée plus lucrative.

Le logement est devenu la dépense principale des ménages, en 1980 celle-ci pesait 13% dans le budget familial, de nos jours elle atteint les 30%. Des contraintes qui écartent également les jeunes travailleurs, les étudiants, massivement du droit au logement, pourtant inscrit dans la loi 2007-290 du 05/03/2007.

 

Il est clair que le gouvernement choisit sciemment de se désengager du financement du logement social pour faire une politique du logement à deux vitesses.
Le premier laissé au bon vouloir du marché (le prix du foncier privé représente 50% du coût et ne descend jamais en dessous de 20%), le second réservé aux plus pauvres financé par les organismes HLM sans aide des pouvoirs publics.

Le gouvernement ponctionne 1 milliard et demi par an aux bailleurs sociaux : pour compenser la baisse des APL (à la charge de l’état) il se défausse sur ces derniers en instaurant la réduction du loyer faussement de solidarité (RLS).

 Sortir de la crise du logement requiert une politique volontariste : doubler la production actuelle de logements sociaux pour atteindre les 200 000 par an ; pour ce faire augmenter l’aide à la pierre en direction des bailleurs sociaux, rétablir le taux de TVA à 5,5% pour les constructions de logements conventionnés, répondre au défi majeur des années à venir (très proche) en engageant la rénovation thermique de 700 000 logements chaque année. Par ailleurs une offre suffisante en logements sociaux contraindra les propriétaires privés à baisser les loyers. Afin de financer ce plan les communistes préconisent de mettre à contribution, investisseurs, promoteurs et marchands de biens dont leur participation depuis des années à la spirale inflationniste n’est plus à démontrer, une augmentation des droits de mutation pour les biens supérieurs à 1 millions d’euros et  la multiplication par quatre de la taxe sur les logements vacants. De surcroit, il est nécessaire de revoir la scandaleuse niche fiscale des meublés touristiques rendant plus attractif financièrement un logement dédié aux touristes au détriment des travailleurs.i

 

 

L’obstination du gouvernement de porter sur les élus locaux la responsabilité de la politique du logement, ne doit pas pour autant décourager les municipalités, particulièrement si elles sont attachées à la justice sociale, car il est inacceptable que ceux qui font tourner le pays ne puissent se loger.

 

 En la matière, la ville de Paris (qui est aussi un département 75) sous l’impulsion de Ian Brossat, adjoint PCF au logement, fait preuve d’audace : dotée en 2001 de seulement 13% de logements sociaux, elle en compte désormais 25%. La ville investit 500 millions par an pour y parvenir. A présent plus d’un parisien sur quatre est protégé de la spéculation immobilière grâce au logement social. Au regard de la densité de la capitale qui limite la possibilité de construire du logement neuf, la décision a été prise d’utiliser l’outil de préemption, nourri par l’argent des droits de mutation, pour racheter des bâtiments existants : des logements, des immeubles de bureaux, des parkings silos y compris des immeubles haussmanniens des grands boulevards (au grand dam de la bourgeoisie parisienne).

 

Petit rappel  pour l’histoire  dans son projet de ville lors des municipale de 2014 à Saint-Médard en Jalles, la liste « l’Humain d’abord », conduite notamment par le PCF, pressentant la crise du logement  , prônait , « la maitrise du foncier, c’est la proposition la plus révolutionnaire. La ville préempte tout terrain à vendre … » Sud-Ouest du 05/12/2013.  

 

 La lecture du contrat de mixité sociale adopté au dernier conseil municipal ne laisse aucun doute sur la volonté de l’équipe municipale de développer avec une réelle ambition le logement social.


Une épine dans le pied de l’opposition qui, en panne de projet, pensait se servir contre la majorité actuelle de ses propres carences dans ce domaine pendant son mandat, 45 logements sociaux autorisés par an sur 6 ans. Une peccadille, fameux bilan pour Jacques Mangon,  l’ancien «  patron »  de l’aménageur métropolitain la  FAB. Que dire ? Ce n’est pas le chaos, c’est le vide sidéral. Certes, on pourra toujours arguer que la FAB fait  des études très  longues et couteuses sur des terrains non-maitrisés  et donc que Jacques Mangon s’est fait un film. 

Faire du bruit pour exister dans la course à l’échalote d’une opposition divisée,   c’est un peu le sentiment que donne l’intervention de Mme Picard, confondant allègrement construction et réhabilitation, mélangeant les chiffres, toujours dans l’excès. Encore un pétard mouillé!

Il suffit de gratter un peu ou relire leurs journaux de campagne
pour remarquer une aversion constante de la droite pour le logement social.

A raison, le maire somme l’Etat de se saisir rapidement de la question du logement, d’autant que la ville de Saint Médard est de plus en plus confrontée à l’afflux de personne à la recherche d’un logement d’urgence : que ce soient des familles menacées d’expulsion, des réfugiés politiques,  climatiques ou des personnes fuyant la guerre.

La commune de Saint-Médard en Jalles s’implique déjà beaucoup mais elle ne peut suffire tout seule à régler un problème qui relève du représentant de l’Etat : le préfet.

 

Merci à Gironde Habitat pour l'emprunt photographique.

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