Intervention de Francis Royer lors du Conseil Municipal du 15 décembre 2021 sur la délibération DG21_168
L’association Way 4 Space regroupe des groupes industriels puissants (ArianeGroup, Thalès et Dassault) et des collectivités locales (la Région Nouvelle-Aquitaine, Bordeaux-Métropole et Saint-Médard en Jalles).
Ces partenariats entre entités publiques et entreprises privées n’ont pas laissé que de bons souvenirs.
Qu’on se souvienne du stade MATMUT de Bordeaux dont finalement nous revient la poursuite du financement !
Nous, communistes, sommes radicalement et foncièrement favorables à l’investissement public pour la recherche.
Comme l’estiment de nombreux chercheurs, il est urgent de retrouver le temps et la liberté de découvrir. Pensons à recherche médicale (nouveaux médicaments, vaccins) mais aussi à la recherche agronomique pour préparer les cultures de demain ou encore le spatial pour conserver la maitrise publique de la gestion des lanceurs ou des satellites.
Or la recherche scientifique publique s’étiole faute d’un financement et un soutien suffisant de l’Etat.
Depuis 2014, la part des dépenses de recherche et développement dans le PIB en France ne cesse de diminuer pour atteindre 2,2% en 2018.
Cette situation affecte aussi le secteur de l’industrie aérospatiale qui n’est pas sans conséquence sur l’emploi : 260 suppressions en Gironde sans compter les sous-traitants.
Dans ce cadre, comment comprendre cet attelage aux moyens aussi disproportionnés ?
- D’un côté, des collectivités locales aux moyens budgétaires chaque année toujours plus réduits par un gouvernement austéritaire
- De l’autre, des mastodontes privés, malgré une forte participation publique, qui n’hésitent pas à réduire leur personnel et leurs équipes de recherche tout en garantissant leur cours de bourse et les dividendes à leurs actionnaires
Quant aux missions de cette association, il s’agirait de fournir des produits et des services dans le domaine de l‘accès à l’espace et la mobilité spatiale.
Je veux bien, mais quand on évoque la mobilité dans l’espace j’aimerais aussi que les même investissements se penchent sur la mobilité à Saint-Médard en Jalles.
Nous attendons toujours le financement de l’étude du tram-train entre Bordeaux et Lacanau !
Parenthèse fermée, cette association se donne pour objet de travailler à de nouveaux usages spatiaux à des fins scientifiques, commerciales et de sécurité.
- Quel sera l’équilibre entre ces axes de développement ?
- Quel sera le poids de notre collectivité par rapport à celui de ces investisseurs privés ?
Selon Pierre Giacomini, délégué CGT d’ArianeGroup au Haillan, « la recherche en matière spatiale n’a plus de vision à long terme et ni de pilotage : la recherche spatiale du Centre National des Etudes Spatiales (CNES) est désorganisée, récemment restructurée dans une division TECHNONLOGIES. Son budget spatial de 500 millions d’euros est dorénavant destiné à alimenter des start-up en espérant faire naître la nouvelle pépite française. Son personnel est invité à postuler à ArianeGroup… »
ArianeGroup, constitué de Airbus et Safran, est un groupe privé.
L’Etat n’y est représenté qu’au maximum à 9%. ArianeGroup a ainsi distribué 700 millions d’euros à ses actionnaires depuis 2016.
Dans ce contexte, quelles sera vraiment la politique de Way 4 Space ?
Si la finalité est de concurrencer SpaceX, Virgin Galactic ou autre dans le commerce lucratif et polluant du tourisme spatial, voilà de l’argent public bien mal investi !
Mai si au contraire, cette association se donne pour but d’innover et de garantir la sécurité de nos dispositifs spatiaux en matière d’information, d’applications agronomiques, météorologiques ou environnementales, alors oui cette association Way 4 Space a un intérêt pour le bien commun.
Pour conclure, notre commune est contrainte financièrement mais doit malgré tout préparer son avenir et les futurs emplois de ses enfants.
Vous l’avez perçu, nous avons des réticences sur ce projet d’association, les garanties sur son orientation étant très floues. Nous pensons que la carte d’adhérent de 100 000 euros à payer par notre commune chaque année est excessive.
L’Union Européenne y finance déjà des projets pour relancer la filière. Notre territoire a besoin de se diversifier à l’avenir. Cela passe par la formation de chercheurs et de techniciens mais aussi de femmes et d’hommes dans notre forêt au service de son écosystème, de ses multiples usages et de sa pérennité face aux dérèglements climatiques.
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