Madeleine Riffaud : « R » comme Résistante

15, novembre 2024

Thématique Expressions : histoire

Résistante, poétesse, journaliste et communiste, Madeleine Riffaud est décédée le 6 novembre 2024.
Elle était née en août 1924 et venait donc d’avoir cent ans. Elle incarnait la résistance à la souffrance, à l’occupation nazie, à la colonisation et aux mauvaises conditions de vie de ses semblables. Elle avait aussi la volonté de dire, de raconter, d’être le témoin de son époque.

 

COMMUNISTE ET RESISTANTE

Elle a à peine 16 ans, en 1940, lorsque, tuberculeuse, elle fait un séjour en sanatorium, en Isère. Ses parents fuient Paris, occupé par les Allemands. Dès 1942, elle regagne Paris et la Résistance, sous le nom de guerre de Rainer, un pseudonyme emprunté à l’écrivain autrichien Rainer Maria Rilke qu’elle gardera tout au long de la guerre.
En 1944, Madeleine devient militante du Parti communiste alors dans la clandestinité et intègre son bras armé, les « Francs-tireurs et partisans » (FTP). Durant ses activités de résistante, elle abat un officier allemand près des Tuileries.
Comme il lui tourne le dos, elle attend qu’il se retourne. « J’ai été plus rapide que lui », racontera-t-elle. En fait, elle ne voulait pas lui tirer dans le dos. Prise sur le fait par un collaborateur de la Milice de Darnand, elle est incarcérée et torturée pendant des semaines au siège de la Gestapo, rue des Saussaies. Par les Allemands, puis par les Français de la Brigade spéciale numéro 2 de la préfecture de Police chargée par Vichy de la répression anticommuniste. Elle ne parlera pas et sera condamnée à mort. Elle manque de peu d’être fusillée puis parvient à s’échapper sur le chemin de la déportation.
Rattrapée, elle bénéficiera des négociations du consul de Suède avec la Croix-Rouge pour être remise en liberté lors d’un échange de prisonniers.
En août 1944, elle participe à l’insurrection parisienne à l’instigation du colonel Rol-Tanguy, un résistant communiste qui s’impose comme chef des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) de la région parisienne. Après l’entrée de la 2ème division blindée de Leclerc et le départ des Allemands, elle assiste aux jours heureux de la Libération. Elle reçoit de l’état-major son brevet de lieutenant et sera décorée par le général de Gaulle.

 

 

JOURNALISTE ET ANTICOLONIALISTE

Après la guerre, elle devient journaliste et travaille pour « Ce Soir », quotidien communiste sous la direction de Louis Aragon, puis pour « La Vie Ouvrière », magazine des syndiqués de la CGT, elle couvre alors les grèves de 1947 et la grève des mineurs de 1948. Dès 1954, elle part au Viêt Nam. Elle connaît Hô Chi Minh qu’elle a rencontré en 1946, à Paris.
Journaliste pour « L’Humanité » à partir de 1957, elle couvre la guerre d’Algérie.
Pour elle, le peuple algérien ne peut demeurer un peuple soumis et exploité quand l’ensemble des colonies françaises accèdent à l’indépendance.
C’est à Oran, en 1962, qu’elle est victime d’un attentat de l’OAS, les fanatiques de l’Algérie française, elle en gardera des séquelles jusqu’à la fin de sa vie. À partir de 1964, elle retourne au Viêt Nam et couvrira le conflit jusqu’à 1973. Elle témoigne aussi dans des livres comme « Dans les maquis du Viêt-Cong » en 1965 et « Au nord du Viêt-Nam » en 1967. Là encore, elle ne veut pas passer sous silence les exactions de l’armée américaine, les bombardements atroces des populations civiles.

 

 

ECRIVAINE ET POETESSE

Madeleine connaîtra dans sa vie des passages à vide, des séparations sentimentales mais aussi et surtout des doutes existentiels. Elle ne les connaissait pas dans l’action parce qu’elle s’investissait avec passion et détermination. Lors de ses premières périodes de spleen, c’est le poète surréaliste Paul Éluard qui la prendra sous son aile.
Ses recueils de poèmes sont publiés par Paul Éluard dès 1945. En reportage chez l’habitant pendant les grèves des mineurs de 1947 et 1948, elle y trouve les carnets du mineur Charles Debarge, un résistant martyr de la grève des mineurs de mai 1941.
Elle fera connaître ses écrits
de luttes et de révoltes. Dans les années 1970, elle s’éloigne du combat purement politique pour des actions de solidarité. Il ira jusqu’à se faire embaucher sous un faux nom, comme soignante, au sein de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris. Elle dénoncera la condition des hospitaliers en écrivant un livre : « les linges de la nuit » qui sera vendu à un million d’exemplaires.

Elle soutiendra encore bien des causes humanistes considérant que là où est l’injustice, elle ne peut se résigner.

 

 

 

En somme, Madeleine Riffaud fut une résistante jusqu’à son dernier souffle. 

 

Jamais fatiguée mais presque aveugle, elle témoignera de son expérience de résistante auprès du jeune public.
Son histoire exemplaire
pour la jeunesse est racontée dans une BD en trois tomes, éditée chez Dupuis, « Madeleine Résistante » en 2021.

 

 

0 commentaires

Les Élus

Nos dernières archives
 

Dénomination du parvis du bâtiment Pierre Mendes France et du Centre Communal de Santé

Donner un nom à un bâtiment, une rue, un espace public n’est pas un acte neutre. C’est reconnaître à cette personne d’avoir marqué l’histoire de notre collectivité et d’incarner par ses actions ou ses écrits, des valeurs dans lesquelles nous nous reconnaissons.

Tram-train Bordeaux-Lacanau : une évidence.

C’est avec plaisir que nous voyons ces derniers jours fleurir dans la presse locale et les médias, des articles examinant le projet de relier Bordeaux à Lacanau par un train (40 km entre Saint-Médard en Jalles et Lacanau).

Thèmatiques Expressions