« Les chambres à gaz, un détail de l’histoire », « je crois à l’inégalité des races », « l’occupation (de la France par l’Allemagne nazie) pas particulièrement inhumaine », l’homosexualité « une anomalie biologique et sociale », la présence des Rom « urticante et odorante » ; autant de sorties nauséabondes auxquelles nous a accoutumé J.M. Le Pen. Des déclarations pas surprenantes de la part d’un personnage dont la haine des juifs, des communistes, des francs-maçons, des immigrés, des musulmans, des « pédés » comme il disait, était le fonds de commerce.
Son but, au travers de la banalisation de ses propos, était la réhabilitation d’une extrême droite collaborationniste complètement discréditée à la sortie de la seconde guerre mondiale.
« La filiation avec la vieille extrême droite – des ligues fascistes d’avant-guerre à l’OAS, de Vichy au poujadisme- passe au second plan ; quant à lui, il se retrouve paré des attributs de la virginité politique », prévenait en 1987 Jean Chatain, journaliste à l’Humanité, dans son livre Les affaires de Le Pen.
Comme on le voit, la dédiabolisation de l’extrême droite ne date pas d’aujourd’hui. Rien n’était laissé au hasard chez celui qui exécrait la République issue de la révolution de 1789. Lors de la célébration en 1989 de son bicentenaire, il crache sur celle-ci en assenant que « la Déclaration des droits de l’homme marque le début de la décadence de la France ».
Condamné à maintes reprises pour antisémitisme, apologie de crime de guerre et provocation à la discrimination raciale, ses dires se sont pourtant banalisés avec la trop souvent complaisance de la presse, qui voyait dans les saillies de l’abject personnage, de simples dérapages.
De simples « polémiques » a bassement déclaré François Bayrou, notre premier ministre, sans doute guidé par une volonté d’obtenir la complaisance des héritiers du fondateur du FN. Amnésique à l’insu de son plein gré, il en oublie que le racisme, le négationnisme, l’antisémitisme sont des délits punis par la loi.
Loin d’être une figure politique tel que tente de nous le présenter la clique « bollorienne » des médias – laquelle au demeurant n’a pas hésité à ’interrompre la diffusion de la cérémonie en hommage des victimes de hyper-cacher : la mort de Le Pen devenant le sujet.
Celui-ci n’est en fait qu’une construction, un outil dont l’objectif était de rendre la droite inéligible : « une chance historique pour le PS », selon Pierre Bérégovoy, cadre socialiste et ancien ministre de F. Mitterrand.
A ce petit jeu, la bile fétide lepéniste s’est répandue sur une grande partie de la droite de notre pays au point de voir dans l’ancien tortionnaire (journal Combat de 1962), un « visionnaire », un « lanceur d’alerte ». Pire ! Que penser de la déclaration de Bruno Retailleau, l’actuel ministre de l’intérieur, sur « l’état de droit ni intangible ni sacré », un des fondements de notre République, obstacle au triomphe de l’arbitraire.
La bourgeoisie a su mettre à profit ce glissement à droite dans les esprits des idées de progrès pour saper le modèle social français, casser les solidarités, chacun devenant l’ennemi de l’autre.
Changement de paradigme, tout est fait actuellement pour diaboliser la gauche de transformation sociale dans son ensemble, le débat public (si on peut appeler cela débat) vire à un confusionnisme : l’angle d’attaque, J.L. Mélenchon, odieusement présenté comme « l’héritier de Le Pen ». J.L. Mélenchon n’a jamais été condamné pour antisémitisme ou racisme par la justice. Le plus étonnant – quoique, – est qu’un journal classé plutôt au centre gauche comme «le Monde » se prête à cette opération.
Sa volonté hégémonique, son obsession présidentielle sont un secret pour personne.
De tout temps, les rapports entre les différentes composantes de gauche n’ont jamais été un long fleuve tranquille,
mais le peuple de gauche a jusqu’à présent contribué à ne pas les rendre irréconciliables.
Un élément nouveau devrait interpeller la gauche : la progression entre 2022 et 2024 du vote RN dans des sphères leur étant considérées globalement favorables, comme la fonction publique, y compris chez les cadres supérieurs et les enseignants (18%d’entre eux).
En effet contrairement aux idées reçues, les enquêtes scientifiques montre une baisse du racisme et de la xénophobie. La tolérance envers les immigrés a augmenté alors que nous constatons une forte poussée du vote RN, notamment en outre –mer. « Si la question de l’immigration joue un rôle si important dans le vote RN, c’est parce qu’elle s’inscrit dans le rejet d’une mondialisation non maîtrisée et son corollaire, une nouvelle pauvreté, une nouvelle précarité ».
Faute de perspectives les tensions se font jour, d’autant que le travail n’apparaît plus comme la valeur permettant l’élévation sociale, dès lors, la mécanique sociale fonctionne pour une petite minorité de privilégiés (les bien nés).
« La crise des gilets des gilets jaunes ne s’est jamais terminée, elle est porteuse d’aspirations relayées (aujourd’hui de notre avis) par le RN. L’une des grandes attentes de son électorat est de retrouver la maîtrise de sa vie dans le cadre d’une mondialisation qu’incarne effectivement l’immigration », note Luc Rouban.
Le Nouveau Front Populaire est un socle commun, un accord électoral pour répondre à l’urgence du moment. Ce n’est pas un casus belli au sein de la gauche, ni la radicalité encore moins une incantation.
J.L. Mélenchon doit laisser vivre le débat à gauche, la confrontation des idées doit permettre d’éclairer sur les projets à plus ou long terme pour dépasser le capitalisme en crise. C’est le but du projet « les jours heureux » du PCF .
0 commentaires