Outre la chenille processionnaire, les insectes scolytes… un grave danger menace la forêt à savoir la politique forestière de la France toute tournée vers l’industrialisation destinant la forêt à être une usine à bois.
Une stratégie dénoncée par les syndicats et les agents de l’ONF. Ces derniers voient progressivement leur mission régalienne de police (surveillance du domaine, application du code de l’environnement et du code forestier) entravée par le remplacement du personnel par des contrats privés non habilités à cette mission : un démantèlement de l’ONF sommée de céder une partie du patrimoine aux intérêts privés dont leur appétence philanthropique n’est pas leur qualité première.
L’ONF se séparerait de 274 forêts de moins de 200 hectares. Certes, le réchauffement climatique demande de travailler à la conception de forêts avec l’introduction d’essences d’arbres plus résistantes (L’INRA y travaille) Pour autant les forêts anciennes sont plus riches en biodiversité or la recherche de la rentabilité réclamée par les marchands de bois fait que l’on pratique de plus en plus de la monoculture, de l’enrésinement des massifs (douglas, épicéas) au détriment de la spécificité des sols comme dans le Morvan.
Priorité est donnée à la modernisation du processus de transformation et d’utilisation du bois d’œuvre au détriment de la ressource forestière. Favoriser la production de résineux standardisés pour les couper prématurément à des fins commerciales est un obstacle à la lutte contre le réchauffement climatique, ainsi la forêt stocke moins de CO2 ; Dans notre région la forêt a un rôle essentiel : D’après le GIEC (groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat), elle contribue à atténuer le réchauffement climatique, elle préserve l’humidité des sols et régule le cycle de l’eau. L’INRA estime qu’un hectare de forêt landaise va stocker 30 tonnes de carbone dans la biomasse, en ajoutant le carbone stocké dans le sol, on peut établir une fourchette de 60 à 80 tonnes par hectare.
A Saint Médard l’espace boisé en pin maritime est de 3000 hectares soit 90 000 tonnes de capacité d’absorption de CO2 : Une donnée non négligeable à prendre en considération dans la gestion de la forêt. Un pin maritime doit atteindre l’âge de 40 ans pour être rentable.
Claude Coureau, ancien résinier dont l’expertise est reconnue bien au-delà de nos frontières préconise pour permettre une meilleure exploitation de ces pins de réintroduire le gemmage. Et plutôt que d’attendre 40 ans, il faudrait commencer dès l’âge de 20 ans à les piquer pour récolter la résine. Il a d’ailleurs mis au point une technique permettant d’extraire une résine chimiquement pure. On ne peut que déplorer que dans le plan de relance décidé par le gouvernement pour adapter la forêt française et toute la filière production bois au réchauffement climatique sur l’enveloppe de 200 millions d’euros pas un sou ne soit alloué au gemmage et à la formation. En 2014, l’INRA a réuni des spécialistes de la forêt d’Espagne, du Portugal, de France avec comme objectif une éventuelle renaissance du gemmage. L’enjeu est double : il existe bien un marché et le besoin d’une présence humaine formée se fait de plus en plus criante. Le maintien de cette activité en Espagne et au Portugal participe à l’entretien de la forêt, à la lutte contre les incendies. En 2014 Il restait 14 gemmeurs en France, ils étaient 1200 en Espagne, 500 au Portugal.
La perte de savoir-faire est incontestable, elle est pointée du doigt dans un document remis en 2016 au ministre de l’agriculture :
- IL y est signifié des pertes de compétence technique des opérateurs de terrain amplifié par la disparition progressive dans l’enseignement forestier des thèmes relatifs à sa connaissance.
- Il y est également recommandé de créer un observatoire des métiers et des formations, d’outils numériques pour la formation permanente pour moderniser et repenser la formation et l’éducation pour le secteur forêt – bois en renforçant l’adéquation des dispositifs de formations aux compétences requises.
C’est le souci exprimé par l’élu communiste Francis ROYER lors du Conseil municipal du 7 avril 2021.
Face à l’urgence climatique et pour répondre aux attentes multiples des citoyens d’accéder à la forêt il est nécessaire d’accroitre l’acquisition par la puissance publique et les collectivités territoriales de forêts, déclare Pierre Darmante ancien maire d’Arjuzanx dans les landes et administrateur de l’ONF. Les besoins étaient estimés pour l’an 2000 à 2 millions d’hectares et afin de ne pas laisser la place au monde des affaires et aux traders, il préconise de calquer le modèle appliqué au littoral (taxe d’aménagement des espaces naturels sensibles adossé à un droit de préemption). Dans ce but, recentrer l’ONF sur ses missions de service public de la forêt, donner les moyens humains et financiers à son fonctionnement est primordial. Les communistes du canton de Saint Médard depuis des années ont fait de la forêt et de la renaissance du gemmage un des axes de leur bataille politique.
Ils ne peuvent que souscrire à cette plaidoirie.
Lire l’article sur France Inter :
https://www.franceinter.fr/emissions/secrets-d-info/secrets-d-info-12-octobre-2019
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