Ne nous voilons pas la face, c’est un grand ouf de soulagement que nous avons poussé le soir du second tour des élections législatives. Honnêtement, qui aurait parié sur la victoire du Nouveau Front Populaire tant la vague brune qui a déferlé sur le pays les 9 et 30 juin semblait pouvoir tout emporter sur son passage le 7 juillet.
Ce sursaut, ce rassemblement dans la diversité, a empêché un désastre démocratique. Ce que semble vouloir ignorer la presse bien-pensante, la défaite, de notre point de vue toute relative, du RN aux législatives, serait le fait « des deux plus grands stratèges de ces dix dernières années, E.Macron et J.L Mélenchon».
D’après un chroniqueur de l’hebdomadaire Le Point, ils se seraient montrés plus habiles et plus intelligents que le RN ; J.L Mélenchon, en rompant sans scrupule ni remord avec l’histoire de la gauche dont il aurait réinventé le vocabulaire, l’univers symbolique et les sujets : après la VIème République il y a eu la mer, l’insoumission, la révolution citoyenne, la Palestine…
Il aurait poussé le cynisme jusqu’à imaginer un logiciel électoral fondé sur un flirt permanent avec l’antisémitisme, à procéder à une purge stalinienne, méchante, sanguinaire, tout en jouissant d’une impopularité extravagante, le plan se serait déroulé comme l’aurait imaginé JL Mélenchon, poursuit notre journaliste devin.
Quant à E. Macron, il aurait compris qu’en politique les convictions comptaient moins que le mouvement, il aurait suscité le chaos, non pour le plaisir du désordre, mais pour révolutionner l’ordre que lui-même avait établi. Macron ne pouvait prévoir les conséquences de dissolution, mais il avait probablement la conviction d’emprunter le seul chemin possible pour reprendre l’avantage, affirme notre chroniqueur dont on découvre l’aptitude à lire dans le marc de café. En somme, si l’on suit les élucubrations de notre journaleux qui comme bon nombre d’entre nous a dû serrer les fesses entre les deux tours des élections, le sort de notre pays serait entre les mains de deux mégalomanes « qui seraient non pas des hommes politiques mais des démiurges, quelque part au-delà des nuages où ils jouent et déjouent la comédie des hommes », sic.
« Il faut se garder soigneusement de tout ce qui peut se faire mépriser ou haïr », est l’enseignement de Machiavel que nos deux « comparses démiurges », devraient retenir et il semble qu’ils n’en aient pas pris le chemin.
Qu’en est-il de l’ancrage du RN sur l’ensemble du territoire, de la menace qu’il continue de faire peser sur notre démocratie, notre République et ses valeurs universelles ? Après un silence de trois jours c’est le fondé de pouvoir du capital qui s’adresse aux français sous la forme d’une lettre parue dans la presse quotidienne. E. Macron entend poursuivre sa politique tout entière dévouée aux intérêts des marchés financiers, des actionnaires, des grands groupes, des gros patrimoines. Pour ce faire, il nous sort du chapeau une coalition qui écarterait les extrêmes.
A vrai dire, c’est le Nouveau Front Populaire qu’il prétend évincer afin d’empêcher l’application de son contrat de législature de rupture avec la mise en place dès les 15 premiers jours de mesures significatives. Les français ont exprimé une unique marquante demande : le changement !
15-premiers-jours_-Nouveau-Front Populaire.
« Son camp a été défait et les députés du Nouveau Front Populaire sont arrivés en tête. Il doit nous laisser gouverner et permettre à l’assemblée de mettre en place un gouvernement dans le cadre d’une majorité relative. Il doit ainsi demander à ses députés de ne pas s’opposer au budget que nous mettrons en place. Les français doivent pouvoir juger, ce sont eux les juges de paix », déclare dans Libération du 10/07/2024 Fabien ROUSSEL.
Macron ne peut nier que c’est sur l’impulsion et la direction de la gauche que s’est ordonné le grand barrage républicain qui a mis un coup d’arrêt à l’extrême droite, entraînant dans son sillage les autres forces démocratiques. Alors que se profilait un triomphe pour le RN et un désastre pour le camp présidentiel, la mobilisation autour du Nouveau Front Populaire a sauvé la macronie du naufrage auquel la promettait l’inconséquence de leurs chefs, souligne pertinemment l’éditorialiste de l’Humanité de jeudi.
Par ailleurs, aurait –il oublié qu’il a gouverné jusqu’à présent avec une majorité relative ?
Le programme de rupture du Nouveau Front Populaire a été construit par des organisations politiques, syndicales, associatives et citoyennes, elles n’entendent pas perdre la main. La mobilisation sociale et citoyenne de l’entre deux tours ne s’arrêtera pas. Elle seule peut permettre le respect du verdict des urnes et assurer la légitimité du Nouveau Front Populaire à gouverner.
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