En finir avec les angoisses du lendemain, tel est le précepte défini par Ambroise Croizat, ministre communiste du travail, avec la création de la sécurité sociale. Visiblement ce n’est pas l’orientation prise par la proposition de loi portée par Emmanuel Macron sur le grand âge.
Le paradoxe de ce projet est l’instauration d’une « cinquième branche » gérée non pas la sécurité sociale mais par la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie(CNSA) et donc financée par l’impôt sous toutes ses formes : hausse de la CSG, prélèvement sur les pensions, suppression des déductions fiscales, prise en compte du patrimoine ,allègement de la durée de la cotisation des salariés. Il est même question de recourir à une nouvelle journée de « solidarité » (le don forcé d’une journée de travail).
La plupart des aides du CNSA viennent en complément des aides légales ou supplémentaires des départements, d’où, selon leurs moyens, d’importantes disparités. Tout le contraire de l’esprit fondateur de la sécurité sociale : chacun donne selon ses moyens et reçoit selon ses besoins, formule immortalisée par Ambroise Croizat.
La cotisation sociale garantie les mêmes droits pour toutes et tous sur l’ensemble du territoire national.
Du pain béni pour les groupes privés : ORPEA, détenu par un fond de pension canadien, EMERA où gravitent les fonds d’investissement ARDIAN, NAXICAP pour ne citer que les plus connus aux pratiques scandaleusement inhumaines révélées dans la presse. C’est que l’ogre libéral a de l’appétit : en 2050, 4 millions de personnes de plus de 60 ans seront en perte d’autonomie contre 2,5 millions actuellement.
Le droit de « bien –vieillir » devient pour ces gens un marché porteur. Les tarifs des EHPAD privées sont prohibitifs sans aucune mesure avec le niveau des pensions, les services d’aide à domicile associatifs sont pour une bonne part en faillite et le rabougrissement des services publics accentue la perte d’autonomie.
Le budget de la sécurité sociale adopté sans vote à l’assemblée nationale par 49-3,(une constance en macronie) s’inscrit dans une volonté délibérée de satisfaire le « MARCHE ». Il ne prévoit quasiment pas de mesures nouvelles en faveur de ce secteur si ce n’est le financement de quelque places dans les services de soins infirmier à domicile et 6000 postes supplémentaires dans les EHPAD en 2024, alors que le rapport El Khomri publié en octobre 2019 -la référence pour les professionnels- recommandait d’en créer 9 300 en 5 ans. Rien pour susciter des vocations dans ces métiers de la santé cantonnés aux bas salaires, à des conditions de travail d’un autre temps : absence de matériel pour soulever les personnes âgées pour les auxiliaires de vie considérées comme non soignants .Sur une amplitude de 10h, une aide à domicile va toucher 5h à 6h de salaires dans les meilleurs des cas. Le temps passé dans les transports, le temps d’attente entre deux missions sont défalqués. Les indemnités kilométriques ne couvrent absolument pas les frais d’utilisation de leur véhicule.
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L’aide à l’autonomie doit être une mission de service public et donc rattachée à la branche maladie de la sécurité sociale, cela afin d’offrir un service de proximité et un niveau de garantie de salaire équivalent pour un même métier, son financement assuré par la sécurité sociale.
« La sécurité sociale est la seule création de richesse sans capital. La seule qui ne va pas dans les poches des actionnaires mais est directement investie pour le bien-être de tous les citoyens. Faire appel au budget des contribuables pour la financer serait subordonner l’efficacité de la politique sociale à des considérations purement financières » (Ambroise Croizat).
C’est la base pour poser les fondements solides, stables, durables d’une prise en charge des personnes vieillissantes. On parle de dignité humaine, de respect de la personne.
Il faut extraire la sécurité sociale du carcan de l’étatisme, elle doit retrouver son indépendance vis à vis de l’état et sa gestion confiée aux salariés comme à son origine en 1946. Un combat plus que jamais d’actualité, ancré dans l’imaginaire communiste.
Au regard de la situation, il va vite s’avérer nécessaire de bâtir localement une politique publique autour d’un service public de l’aide à l’autonomie. L’économie sociale et solidaire, dans le cadre d’un pôle territorial de coopération économique(PTCE), ouvre une perspective au travers de la création de coopérative dédiée à la santé, au sens global de l’OMS : «La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».
Elle serait une pièce d’un projet global de développement (maraichage, restaurant solidaire…) au service des entreprises et des habitants. Cette coopérative, intégrant la commune de St Médard en Jalles, constituerait une innovation et qui, en complément du centre de santé, placerait notre ville à l’avant –garde en la matière.
Nouds empruntons le dessin humoristique au site URTIKAN.net. Merci à eux.
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