Quand on prend le parlement pour un paillasson, c’est sur le peuple qu’on s’essuie les pieds. (P.Dharréville, député PCF)
Comment nommer la dérive du régime de la Ve République, qualifiée en mai 1964 de coup d’état permanent par F Mitterrand ? Autocratie, démocrature …Il dénonçait la toute-puissance du chef de l’état, le pouvoir personnel, la marginalisation du parlement qui en découlait ; sans pour autant y renoncer quand il accède au pouvoir ,17 ans plus tard (« inutile de continuer de promener une polémique qui appartient à l’histoire » ). Au service d’un seul homme soucieux de son image devant l’histoire- « le grand Charles » – cette dérive s’est poursuivie avec son lot d’affaires marquant chaque époque.
Nous avons tous en mémoire comment le NON du peuple au traité constitutionnel européen de 2005, fut balayé d’un revers de mains par Sarkozy en faisant voter par sa majorité dans l’hémicycle en 2008 la ratification par la France du traité de Lisbonne, annulant ainsi le choix du peuple.
Macron, le fondé de pouvoir du CAC40, au prix de grosses manœuvres pour imposer sans assentiment de l’assemblée nationale la retraite à 64 ans, en empêchant de voter les députés sur une loi maintenant celle-ci à 62 ans, a franchi les bornes des limites.
La commission de Venise, chargée de d’examiner les textes et projets de loi des états de l’ UE, s’inquiète de l’adoption de certains textes sans débat « d’une manière apparemment inégalée par rapport aux autres pays européens ».
La France est bel et bien entrain de rejoindre le camp des démocraties « illibérales ».
Macron n’est ni Poutine, ni Modi. Mais il prépare l’avènement de leur clone hexagonal, s’inquiète F. Bayart politologue.
Indéniablement Macron bafoue la démocratie ; la séparation des pouvoirs et la souveraineté de l’assemblée nationale ont été violées pour imposer leur texte sans vote. Ces pratiques anti-démocratiques sont avant tout un aveu de faiblesse de la part de la majorité. Sachant la bataille de l’opinion perdue et le rejet largement partagé dans la population d’une retraite à 64 ans, Macron a choisi le coup de force.
Les conséquences de ce précèdent politique, outre le fait d’accentuer la défiance et le décrochage entre la population et nos institutions, ouvre tous les possibles : celui d’un sursaut démocratique, où la décision collective sera de nouveau partagée et organisée, comme celui d’un effondrement global vers une démocrature et un régime toujours plus autoritaire pour contrer les aspirations du peuple toujours en demande de bien-être et de liberté.
Le peuple demeure la bête noire des tenants du capitalisme moribond qui, entré en phase terminale n’a plus que la violence et la peur pour maintenir son hégémonie.
Jeudi 15 juin, l’ONU a de nouveau épinglé les autorités françaises sur l’usage excessif de la force pour « brider le droit fondamental de manifester », en laissant la police utiliser à outrance des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes, pour disperser des manifestants de tout âge aux méthodes pacifiques, occasionnant des dizaines de blessés parmi lesquels des simples passants ou des journalistes.
Des munitions dont la France est le seul pays européen à se servir dans des opérations de maintien de l’ordre public.
Pendant le mouvement des gilets jaunes l’instance internationale avait adressé un avertissement à la France, afin qu’elle respecte ses engagements à l’échelle internationale, notamment de réviser complètement ses stratégies et pratiques de maintien de l’ordre.
Nul ne peut interdire durablement à un peuple libre de faire entendre sa volonté.
« Nous savons par une expérience qui s’appelle la Révolution française qu’il ne faut jamais désespérer. » Jean JAURES.
C’est le credo des communistes, toujours animés par l’esprit et le souffle de la constitution du 24 juin 1793, la plus démocratique jamais rédigée. Elle se fixe comme exigence dans son article 1er : « le but de la société est le bonheur commun ; la loi est l’expression libre et solennelle de la volonté générale, elle doit protéger la liberté publique et individuelle contre l’oppression de ceux qui gouvernent, car la souveraineté réside dans le peuple ».
« Nul ne peut se vendre ni être vendu (abolition de l’esclavage), les secours publics sont une dette sacrée (création d’une sécurité sociale et des retraites des vieux travailleurs, l’école gratuite et obligatoire …). »
Une audace politique et sociale dont nous fêtons les 230 ans aujourd’hui.
« Rarement dans l’histoire de France l’humanité a été plus qu’une idée, elle fut une réalisation qui s’est voulue la plus grande possible. Car la seule façon d’accéder à l’humanité réelle c’est de penser une plus grande humanité pour tous, sans exclusive ». Claude MAZAURIC, historien.
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