Injonction Macronienne énoncée lors des vœux du président qui au demeurant n’a guère convaincu.
« Le régime est à bout de souffle, l’espérance de vie augmente, nous devons travailler plus longtemps. » A ces poncifs usités depuis 20 ans par les gouvernements successifs pour justifier la casse des régimes de retraite, vient s’ajouter maintenant : faire des économies pour investir cet argent dans « des dépenses publiques essentielles spécialement l’éducation ».
Des arguments vite rendus insoutenables par les faits.
Le conseil d’orientation des retraites (COR) dans son dernier rapport infirme ce discours alarmiste : après avoir été excédentaire en 2021 et 2022 le régime restera déficitaire jusqu’à 2032 à un très bas niveau (entre 0,5 et 0,8 part du PIB), par la suite le déficit se résorberait lentement. En 2070 les dépenses de retraites dans le PIB oscilleraient entre 14,7% dans le pire des cas et 12,1%, soit le niveau actuel.
Il n’y a pas le feu au lac.
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Les réformes récentes des retraites ont fait reculer l’âge effectif de celle-ci plus vite que l’augmentation de l’espérance de vie (Mickael Fitoussi économiste).
Bref, celle-ci a beau progresser, les français passent de moins en moins à la retraite.
Le deal proposé à la jeunesse de bénéficier d’une meilleure scolarité (ce qui reste à démontrer) en contrepartie d’une mauvaise retraite est une insolente absurdité d’autant qu’il s’agit d’un détournement de fond pour faire le chou gras des fonds de pension, de compenser la baisse des impôts de production accordée aux entreprises du CAC40.
Le recul de 2010 de l’âge de la retraite, outre le fait de maintenir des salariés usés deux ans supplémentaires au labeur , a eu pour conséquence de dégrader significativement leur état de santé global mais également de prolonger pour les « retraitables » privés de travail –une personne sur deux- une période de précarité où le taux de pauvreté est très marqué.
Dans notre pays 1,5 millions de personnes âgées de 53 à 69 ans ne perçoivent ni revenu d’activité, ni pension de retraite.
Un tiers d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté. Bonjour les dégâts humains !
La sauce macronienne ne prend pas : 79% des Français sont opposés au report de l’âge de la retraite. La journée de grève et de mobilisation du 19 janvier 2023 à l’appel du front syndical unis sera, nous n’en doutons pas, puissant et massif.
Les colères liées à la faiblesse de salaire et à l’inflation vont amplifier le mouvement. De quoi inquiéter le MEDEF dont le silence pour soutenir la réforme est notable.
Il a fallu attendre 1946 pour voir la mise en place, par le communiste Ambroise CROIZAT, le système révolutionnaire de retraite par répartition inhérent à la sécurité sociale qui se fixe comme but « de mettre définitivement l’Homme à l’abri du besoin, d’en finir avec la souffrance et l’angoisse du lendemain ».
Il a fallu attendre 1982 pour que le gouvernement d’union de la gauche réponde à l’aspiration d’une retraite à 60 ans par le monde du travail pendant toute la décennie de 1970.
« La retraite ne doit pas être l’antichambre de la mort ,mais une nouvelle étape de la vie » (toujours Ambroise Croizat ).
Une ambition civilisatrice, point de départ d’une retraite comme un temps de vie libéré des contingences de l’emploi, délesté des cadences, du rendement, du résultat. Un désir de rallumer les étoiles doit animer la gauche engagée au sein de la NUPES contre le projet Macron. Il lui appartient au-delà du soutien au mouvement social et face au « pas d’autre alternative » emprunté à la très anti-social ministre britannique THATCHER par les macronnistes, de ne pas se laisser enfermer dans un statuquo .
Elle ne pourra faire l’économie d’un débat à l’échelle du pays afin d’ouvrir une perspective heureuse au projet de Macron.
Les différences sur les projets alternatifs dans la NUPES ne sont pas insurmontables, au contraire elles sont une richesse pour alimenter, pousser le débat sur un nouvel âge du progrès social, pour les retraites, pour une autre conception du travail, de la répartition des richesses, des critères de gestion des entreprises, pour sécuriser l’emploi et les parcours professionnels.
Les communistes comme nous l’avons fait et réussi en 2005 sur le traité constitutionnel européen vont démultiplier les échanges et animer cet indispensable débat.
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