Un climat préoccupant menace la presse, plombe insidieusement la démocratie dans notre pays, dénonce l’avocat Christophe BIGOT.
Une ordonnance du juge censure en effet la publication d’un article de Mediapart sur les agissements du maire de Saint-Etienne. Une censure préalablement levée le 30/11/2022 sur décision du tribunal de Paris, dont le contenu est pour le moins inquiétant :
« le juge considère par principe qu’il n’est pas exclu de prendre une décision unilatérale interdisant pour l’avenir la publication d’informations. Ce n’est qu’au vu de circonstances de l’espèce qu’il rétracté sa décision. ».
Il laisse grand ouverte la porte à la pratique de la censure.
Déjà un autre site d’investigation, Reflets.info, enquêtant sur les optimalisations fiscales du milliardaire, le patron de presse Patrick DRAHI, a été intimé au nom de la loi de 2018 de cesser ses recherches. Une loi scélérate pour poursuivre les donneurs d’alerte : un outil de plus dans l’arsenal des « procès bâillons » dont le but est de noyer l’information par la multiplication des procédures judiciaires et l’intimidation des journalistes, par un foisonnement de plaintes en diffamation.
La censure par l’argent pour mettre sous l’éteignoir les journaux indépendants qui, comme l’Humanité ou Politis entre autres, résistent à l’accaparement des titres par quelques milliardaires (Bouygues, Dassault, Niel, Bolloré, Drahi).
Ces titres ne doivent leur survie qu’à la souscription auprès de leurs lecteurs et aux campagnes d’abonnement. Un dérèglement médiatique qui ne s’en tient pas qu’à la presse écrite.
La démocratie est devenue un obstacle pour le capitalisme.
Jusqu’à présent, le capitalisme pouvait donner l’illusion, à travers un ersatz de délégation de pouvoir, d’être seul en capacité de régir le monde, d’agir dans l’intérêt de tous (y compris des pays colonisés), comme d’être porteur d’une mission civilisatrice quasi spirituelle découlant de la victoire de la bourgeoisie sur la classe des nobles « de sang » fermée à toutes les autres.
» la monarchie ne doit pas être une monarchie de magistrats. » (Louis XVI)
C’est en proclamant haut et fort que le système de gouvernement devait correspondre à ses intérêts que la bourgeoisie a gagné le pouvoir et développé la société capitaliste.
Aujourd’hui la volonté populaire de maîtriser sa vie, de peser dans la vie publique comme dans les entreprises, dans la marche du monde et le partage des richesses, la hante. Le milliardaire Warren BUFFET, pensant faire un bon mot a déclaré : « il existe bel et bien une guerre des classes mais c’est ma classe ,la classe des riches qui fait la guerre et c’est nous qui gagnons ».
Le recul, la réflexion n’est plus. Le citoyen se consume en téléspectateur ; l’audimat, l’audience massive remplacent le vote, l’élu de la nation est sommé de se taire.
Les entraves à la liberté d’expression, à la démocratie s’instillent sournoisement dans la vie publique par la diminution voire la quasi disparition des panneaux de libre information dans la plupart des communes (hors mis St Médard en Jalles), ceci malgré la loi L81-13 et bien souvent par la dissuasion des militants sur les places du marché publiques.
La, place publique, c’est l’agora grec, le forum romain, le lieu où les gens se rencontrent, échangent, discutent.
Chaque samedi, en diffusant L’EXPRESSION, les communistes contribuent à défendre le pluralisme des idées comme ils s’attachent à défendre le pluralisme de la presse garant du débat démocratique et républicain.
« Celle qui ne possède en or que ses nuits blanchesPour la lutte obstiné de ce temps quotidienDu journal que l’on vend le matin d’un dimancheA l’affiche qu’on colle au mur du lendemainMa France » (Jean Ferrat)
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